La littérature Maldoror
Liège/Bruxelles, 4-6 octobre 2004
Sous la direction de Paul Aron, Jean-Pierre Bertrand et Pascal Durand
Avec la collaboration de Frans de Haes
Conseil scientifique : Michel Pierssens, Henri Scepi, Naruhiko Teramoto
Si le chantier en reste ouvert, l’étude des sources du texte ducassien a connu, ces dernières années, de considérables avancées. Le temps est sans doute venu aujourd’hui de passer de l’amont à l’aval et de soumettre à exploration intensive le champ de sa réception, entendue non seulement comme l’ensemble des relais littéraires par lesquels ce texte « énergumène » a transité avant de s’inscrire – mais à quelle place, dans quelle mesure et avec quels effets ? – dans ce qu’il est convenu d’appeler la poésie moderne, mais entendue également comme l’ensemble sédimenté des appropriations théoriques et critiques dont il a fait l’objet depuis ses premières lectures jusqu’à nos jours. Un texte, si déviant qu’il soit, ne naît pas de rien. Un texte, aussi bien, ne reste pas égal à lui-même, identique à soi, à mesure qu’il est reçu, relayé, réactivé, réactualisé par de grands lecteurs ou de grandes lectures (qui peuvent, au reste, apparaître comme des lectures faibles au regard de la complexité ou de la labilité que leur oppose le texte en question). L’objet du colloque est de prendre la mesure de ces effets de lecture et des transformations successives que le texte ducassien a subies ou auxquelles il a su résister pendant plus d’un siècle.
Programme
9h20 : Accueil des participants. Allocution du Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres
1. Beau comme Maldoror
La psychanalyse, la linguistique, la sémanalyse, la pragmatique, la rhétorique de la lecture ou encore la sociologie littéraire ont tour à tour tenté d’arraisonner le texte ducassien pour en rendre raison autant que pour en faire la bannière de différents paradigmes en lutte sur la scène intellectuelle. Il ne s’agira pas seulement de dresser le bilan de ces appropriations théoriques. Il s’agira bien davantage d’évaluer la capacité de résistance des Chants de Maldoror et des Poésies au double effet de réduction et de radicalisation exercé par de telles appropriations. Dans quels lieux du texte, sous quelles formes cette résistance opère-t-elle ? Comment la dimension pulsionnelle du texte s’exerce-t-elle jusque dans sa compulsion déconstructrice ? Dans quelle mesure son efficace proprement poétique demeure-t-elle en deçà ou au-delà de son pouvoir de démantèlement des illusions littéraires ? De quelle étoffe indéchirable, indéchiffrable est faite la « beauté » de ce texte ?
9h30 : Jean-Pierre Goldenstein (Université du Maine), « Le retour du référent »
9h50 : Philip G. Hadlock (Texas Christian University), « Beauté et monstruosité »
10h10 : Yojiro Ishii (Komaba, Japon), « Le corps de Maldoror »
Discussion
10h30 : pause café
11h : Pascal Durand (Belgique), « Le texte et ses grilles »
11h20 : Henri Scepi (France), « Le romanesque dans Les Chants de Maldoror »
11h40 : Peter Nesselroth (Toronto), « Beau comme tout ; ou plutôt, comme n’importe quoi »
Discussion
12h30 : déjeuner
14h : Constanze Baethge (Allemagne), « Ton et diction : le discours Maldoror »
14h20 : Laurent Dubreuil (France), « Une lecture hypnagogique. Blanchot et Maldoror »
14h 40 : Christophe Hanna (France), « La littérarité des Chants »
Discussion
15h30 : Jean-Luc Steinmetz (France), « Maldoror et ses incipits »
15h50 : Michel Pierssens (Québec), « Les Poésies de l’avenir »
16h10 : Philippe Françus (Liège), « Ducasse : une stratégie de l’écart »
Discussion
Soirée
20h : « Les pétales de Maldoror », exécution de deux pièces originales de Michel Fourgon au Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de la ville de Liège, à l’invitation de l’Association Liégeoise pour la Promotion de l’Art Contemporain. Programme :
Présentation par Pascal Durand et Michel Fourgon (Durée : 20’)
Murmures (d’après Maldoror 2), Théâtre musical d'après Lautréamont pour une comédienne, piano et dispositif électronique en direct, 1996. Durée : 21’
Récit : Anne Claire
Piano : Marcel Cominotto
Assistance électronique : Centre de Recherches et de Formation Musicales de Wallonie
Choses trouvées dans un pupitre (d’après Maldoror 6), création, Théâtre musical d'après Lautréamont pour une comédienne, soprano, clarinette et piano. Durée : 25’
Soprano : Eva Oltivanyi
Récit : Anne Claire
Clarinette : Jean-Pierre Peuvion
Piano : Marcel Cominotto
Dinêr sous la rotonde du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain.
2. Les effets Maldoror
Machine à récrire, à déposer et à démonter les moteurs de la chose littéraire, le texte ducassien s’est lui-même prêté à reprises, récritures, travestissements, de Léon Bloy à Michel Houellebecq, de Tzara à Debord, de Henri Michaux à Le Clézio, parmi d’autres. La carte de ce paysage reste à établir, comme des effets et des enjeux dont ces réappropriations littéraires ont été porteuses. Qu’arrive-t-il, tant au texte repris qu’à celui qui le reprend, lorsque de telles opérations ont lieu ? Avec quels effets – de sens, de légitimité ? En quoi la position à l’égard du texte ducassien constitue-t-elle l’un des enjeux de la production littéraire contemporaine, l’un de ses marqueurs ?
9h : Nicolas Malais (France), « Remy de Gourmont et l’invention de la littérature Maldoror »
9h20 : Eric Walbecq (Bibliothèque Nationale de France), « Maldoror dans les manuels scolaires »
9h40 : Guy Laflèche (Université de Montréal), « L’hispanisme des Chants de Maldoror »
10h : Jean-Pierre Lassalle (Université Toulouse 2) « La réécriture des Chants dans Térandros de G. Julliot de la Morandière »
Discussion
10h30 : pause café
11h : Henri Béhar (Professeur émérite à l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle et directeur de recherche au CNRS), « L’effet Maldoror chez Tristan Tzara »
11h20 : Leonor Lourenço de Abreu (UCL), « Ducasse-Péret, une conjonction d’imaginaires »
11h40 : Petr Kral (Tchèquie), « Lautréamont à Prague »
12h : Ricard Ripoll (France), « L’univers de Lautréamont dans la culture espagnole et catalane »
Discussion
12h30 : déjeuner
14h40 : Naruhiko Teramoto (Japon), « Lautréamont-Ducasse et Le Clezio »
15h : Murielle Lucie Clément (Université d’Amsterdam), « Lautréamont et Houellebecq. Une rencontre »
15h20 : Laurence Brogniez & Frédéric Claisse (Belgique), « Live at Bar Maldoror : les chants magnétiques de Lautréamont »
15h40 : Jean-François Perrimond (France), « Debord déférent envers Ducasse »
16h : Alain Chevrier (membre de l’AAPPFID), « La résistible réception d’Isidore Ducasse dans les anthologies de poètes »
17h30 : départ pour Bruxelles
20h : Dîner à Bruxelles. Allocution de Jean-Jacques Lefrère (AAPFID, France), « L’Association des Amis passés, présents et futurs d’Isidore Ducasse et son histoire ».
3. Maldoror en Belgique
Chacun sait combien a été déterminante la prise en charge des Chants de Maldoror par Max Waller et l’équipe de la Jeune-Belgique. Les conditions et les modalités de ce relais belge n’ont cependant pas encore été étudiées de près, non plus que le rôle intermédiaire joué par Léon Bloy ou encore par Remy de Gourmont. La journée conclusive du colloque entend soumettre à analyse les formes qu’a prises la première réception du texte ducassien et évaluer dans quelle mesure cette réception permet d’éclairer d’un jour nouveau non seulement ce texte, mais encore le champ littéraire belge en formation et, au-delà, ses inflexions contemporaines.
9h : René Fayt & Emile van Balberghe (Belgique), « Rozez, Waller, Bloy, Verhaeren et les autres : de la cave au Cabanon »
9h20 :
9h40 : Liliane Durand-Dessert (France), « Gerard van Bruane 1891-1964, le “Cabinet Maldoror” et “La fleur en papier dorée”, un temple ducassien à Bruxelles »
Discussion
10h15 : pause café
10h30 : Geneviève Michel (GRES. Universitat Autonoma de Barcelona), « Ducasse et Nougé »
10h50 : David Vrydaghs (aspirant FNRS, ULg), « Henri Michaux : invocation de Lautréamont »
11h10 : Paul Aron (FNRS, ULB), Lautréamont et Vaneigem
Discussion
12h : déjeuner
14h30 : Table ronde d’écrivains belges au sujet de Lautréamont (animée par Jean-Pierre Verheggen)
17h : Synthèse et clôture du colloque